8 CHANTEUSES
CAMILLE ALLÉRAT
C'est la fusion de Bridget Jones et de Jane Nichols ! Classe en toute occasion (même lorsqu'elle tombe de la scène de l'opéra), douée d'un humour impayable, d'une capacité inégalée pour l'auto-dérision (elle pose des livres de philo à côté de ses bons vieux polars sur sa table de chevet pour faire style), elle aime autant tout ce qui brille et les soirées mondaines que les choses simples et les soirées en solo, enroulée dans un plaid en polaire peluchée devant une série, un verre de Prosecco à la main, et une boîte de 500 grammes de chocolat. Si elle n'avait pas été dotée d'une voix à faire pleurer les pierres, elle aurait mis son talent au service du bonheur des autres en se faisant Wedding planner ! C'est peut-être parce qu'elle aime le kitsch, parce qu'il exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'inacceptable. Car si elle mord dans chaque morceau de délice que lui présente l'existence, elle aimerait dans une prochaine vie ne pas avoir conscience de sa propre finitude.
CAROLINE ADOUMBOU
L'ambre, la soie, la méditation, le bruit de l'eau du ruisseau qui coule, le chant... autant de choses douces qui ne doivent pas masquer le tempérament de feu de cette lionne. Il n'y a aucune raison de se méfier de cette eau qui dort car lorsqu'elle se réveille, ce n'est que pour faire jaillir une gigantesque cascade de rires. Nourrie par la sagesse tibétaine, douée pour la diplomatie préventive, elle aurait voulu être médiatrice pour l'ONU pour empêcher les différends de dégénérer en conflits. Elle est le colibri radical et courageux qui rassemble autour de lui une horde de pélicans pour éteindre le brasier du monde. Adepte du moment présent, elle ne veut rien fixer, elle veut rester présente au monde, attentive à la lumière, au temps qu'il fait, à sa météo intérieure, pour suivre ses rêves, son chemin, son destin.
CÉLIA HEULLE
Son corps frêle abrite la voix et la maturité d'une vieille âme. Elle a gardé de son passage chez les Toltèques l'amour de l'eau et des baobabs, et le goût du dépouillement raffiné qu'elle exerce en posant une natte et de la nourriture par terre pour y réunir, généreuse, ceux qu'elle aime. Sensible et poétesse, elle aime bâtir, sur les grandes plages du Portugal, des abris de fortune faits de bois flottés et de mousseline de coton tendue au vent. S'allonger là. Ne rien faire. Écouter le vent sous le soleil de midi. Contempler l'océan argenté de soleil au son du vieux poste qui diffuse du Francis Cabrel. Se remplir en écoutant la respiration de son enfant qui dort. Les rires des grands et des petits qui jouent dans les vagues. Fille du ciel et de la terre. S'enivrer d'eau pure, s'enivrer du bonheur d'être, d'être là simplement au monde et à la vie. La vie.
ISABELLE DEPROIT
Le matin, sur son île qui se situe à l'est du Paradis, notre femme oiseau se réveille en chantant, déploie ses ailes et, un cuir bleu enfilé à même les plumes, elle voyage de ville en ville, sans devise, préférant au pire le meilleur, à la sophistication la simplicité, et à la tristesse la bonne humeur. Tel un tisserin, c'est une infatigable bâtisseuse, qui vit chaque instant que la vie lui offre, pleinement, complètement, absolument. « Aimer la vie, aimer les fleurs, aimer les rires... » elle pourrait être cette chanson des Demoiselles de Rochefort, qu'elle écoute inlassablement, en laissant fondre un carré de chocolat dans sa bouche. Elle est aussi l'oiseau rêveur qui se régale du sourire de son enfant, de la sieste dans le foin coupé, de l'amour fou au milieu des blés, et du vent frais sur le visage.
MAUD BESSARD-MORANDAS
Elle est la symbiose d'Hermione Granger et de cette autre héroïne qui revêt une peau de bête et confectionne des cakes dans lesquels elle cache sa bague, son bijou préféré. Amour, amour, l'amour s'enroule et puis se noue, l'amour se meurt avec le temps, but I will always love you oooh, elle adore chanter des "pop-pourris" à tue-tête sous la douche pour couvrir le bruit des gouttes d'eau sur le carrelage. Elle est de ces chats qui ne sont pas farouches à l'eau, ni à la chaleur et à la douceur d'une couette enveloppée dans une housse de soie, où elle se fond délicieusement avec un carré de chocolat dans la bouche... On se transplanerait depuis l'autre bout de la terre jusqu'à elle, pour apprendre à être au monde comme elle sait l'être, dans la pleine conscience qu'il est important de vivre une vie qui soit à la hauteur de ses rêves d'enfants.
MORGANE BOUDEVILLE
Si Céline Dion et Cécilia Bartoli devaient habiter dans un même corps, ce serait le sien. Car nous voilà en présence d'un étrange cas : une femme double, composée de particules chics et élémentaires. Son coeur balance et balancera toujours entre la dentelle et le saucisson, entre la paysanne et l'aristocrate, entre le canapé et le footing matinal, entre Asterix et Obelix, entre romantisme et pragmatisme, ou entre un chien de concours et un chien des rues. En revanche, le Dieu qu'elle vénère est définitivement Bacchus et sa médecine est le fou rire. Si elle n'avait pas illuminé de sa voix le monde du chant, elle aurait voulu être Wonder Woman. Évidemment ! Car Wonder woman n'est-elle pas l'incarnation de la dualité avec son allure de déesse grecque ultra féminine et sa force de Superman ? Et puis, c'est la super héroïne qui incarne une féminité forte, libre et courageuse dans laquelle elle se fond comme une bonne raclette sur des pommes de terre !
ROSEMAY DAUVIN-MAGNAN
Elle est comme le chardonneret, un élégant passereau qui provoque une cascade de couleurs à chacun de ses mouvements... Elle a un tempérament aussi flamboyant que le wax, solaire et généreux. Mille choses, mille projets auraient pu la ravir au chant, car c'est une touche à tout qui a de l'or dans les mains. Matériaux, formes, tissus, chiffons, laine de brebis, substances, tout se transforme et tout se mue à son contact. Fabriquer, créer, au son doux et puissant de l'eau mystérieuse qui coule dans un ruisseau de mousse fraîche, contempler les oliviers danser sous l'effet de la brise, toucher leurs troncs râbles qui sont aussi chauds que la chair de ses deux enfants qu'elle chérit. Tout entraîne et tout porte cette artiste multiforme, à cueillir chaque jour comme il vient et à profiter de chaque instant avec tous les centimètres de sa peau.
SOPHIE POULAIN
Les accidents de la vie n'ont eu aucune prise sur la capacité au bonheur de cette amoureuse enflammée, qui danse sous la foudre avec son diapason. Cheffe d'un quatuor sui generis, elle aime les éclats de rire que lui procurent leurs concerts improvisés. Elle voue un culte au partage mais elle voit toujours, avec enchantement, se noircir un ciel d'été parce qu'il annonce la pluie, qui la forcera à trouver refuge dans sa caravane. Écouter les gouttes tomber sur le toit et se jeter à corps perdu dans la lecture d'autres vies que la sienne, quitte à mélanger ses larmes à la pluie. Et quand l'averse a cessé, que « l'aube est moins claire, l'air moins chaud, le ciel moins pur », elle troque ses souliers hauts pour des bottes afin de s'envoler vers « les voluptés du grand air » gorgées d'humidité, « promenades et ravins pleins » de bons champignons.