LAETITIA TOULOUSE
DIRECTION ARTISTIQUE
Elle est un don du ciel, et on croirait que ces mots, empruntés à Joseph Delteil, ont été écrit pour elle :
« Il suffit qu'elle lève le doigt pour que l'eau coule sous le pont infinitésimal, pour que les cerisiers fleurissent dans le jardin, pour que la cloche tinte dans l'église. Les phénomènes naturels sont à ses ordres, et le hasard lui sert de page. Car elle ne doute pas de son pouvoir, et la foi est la seule réalité.
Incommensurable phénomène d'osmose ! Substances et gaz, sucs et couleurs et parfums, tout afflue, tout se précipite dans les pores de cette enfant ! O merveille des merveilles ! Incomparables échanges ! La voilà, la Transmutation ! Tout mue, glisse, vole, tout s'agence et tout prend forme, tout palpite et tout mûrit ; et tout cela, en définitive, c'est pour elle ! »
Oui, c'est une Jeanne d'Arc, puissante et délicate, capable de bouter des notes justes hors de tous les corps, même les plus revêches.
Oui, c'est une infatigable chercheuse d'or, qui trouve et sait rassembler autour d'elle, des pépites.
Oui, c'est un charpentier qui fait des Jésus.
Les grandes œuvres sont à base de passion et d'amour, elle possède les deux assortis de la plus grande force qui soit, la simplicité. Un grain de folie féconde son âme, et on entend son rire se répandre des kilomètres à la ronde.
Une âme à vif, riche mais à vif, un cerveau surrefficient qu'elle tempère en faisant des parties de badminton endiablées, en courant sur de longues distances, ou en marchant au bord de l'eau.
Que ce soit le chant de la pluie dans la forêt ou bien la voix des pas sur les sentiers qui mènent à Compostelle, que ce soit le souffle d'un soir d'été, ou le gémissement de la mer qui l'environne, il y a toujours derrière elle une ample mélodie, tissée de mille voix, dans laquelle son solo n'a sa place que de temps à autre.
Qui perçoit, comme elle cette ample mélodie, est tout à la fois le plus solitaire et le plus lié à la communauté des Hommes. Car elle entend ce que nul n'entend et ce pour l'unique raison qu'elle comprend, en son achèvement ce dont les autres, tendant l'oreille, ne saisissent que d'obscures bribes.
Derrière son pupitre de cheffe, elle décortique avec talent le tumulte grondant de la mer pour en extraire le rythme du bruit des vagues et démêle de l'embrouillamini de la conversation quotidienne, la ligne vivante qui porte les autres. Qui nous porte. Qui nous portera loin.
