AUDREY LAFORCE

MISE EN SCÈNE

À peine commençait-elle à marcher que déjà elle convoitait le verbe. Incommensurable optimiste, elle se nourrit de toutes les germinations au point de se fatiguer elle-même des longs discours qu'elle en tire.

Procrastinatrice devant l'éternel, sa vie est un combat permanent, entre le besoin irrépressible de tout lire, tout regarder, tout connaître, tout savoir et le besoin de silence intérieur.

Elle se nourrit aussi des grands espaces iodées, du chant des prairies sous un soleil d'été, de l'odeur de ceux qu'elle a porté dans son ventre, et des étoiles qui fondent comme du sucre dans un ciel d'août.

Par dessus tout, elle envie l'immobilité des lézards sur les murs en été et se demande si, comme elle, ils ressentent la piqûre du soleil sur leurs peaux épaisses.